mercredi 26 mars 2008

amour gloire et débat d'idées




Entendu sur France Inter ce matin: "Le gouvernement Fillon ne peut plus augmenter les impôts, cela annihilerais le peu de croissance qui reste, en diminuant la consommation". Je cite de mémoire, ce n'est peut être pas tout à fait exacte. Mais l'idée est la: plus d'impôt réduit la croissance a travers la demande. Cette idée d'un lien de proportionnalité négative entre niveau d'imposition croissance est devenue un fait établie dans la conscience économique populaire (si une telle chose existe). Pourtant les choses ne sont pas si simples. La science économique a quelques éclairages à nous donner la dessus.

D'un cote on a la courbe de Laffer, qui lie le revenu de l'impôt au niveau d'imposition. L'idée est qu'une variation de l'impôt a deux effets contradictoires. L'effet de substitution: Face à une augmentation de l'impôt, et donc une diminution ceteris paribus des revenues du travail, l'agent va faire autre chose que travailler. L'autre effet c'est l'effet de revenu: face à une augmentation des impôts, l'agent va travailler plus pour reconstituer son revenu. Si l'effet de richesse domine, une augmentation d'impôt augmentera le revenu disponible pour le gouvernement, car les agents travaillerons plus pour gagner plus (oui, trop facile, je sais...) et compenser le surcroit de taxes. Si au contraire l'effet de substitution domine, les agents trouverons marginalement moins profitable de travailler, et par conséquent les recettes de l'état n'augmenterons pas proportionnellement, voir diminueront.

L'argument qu'une augmentation des impôts annihilerais la croissance consiste donc dans ce cadre à dire que vu le niveau de pression fiscale existant d'ors et déjà, une augmentation des impôts se traduirait par une diminution de la création de richesses. Argument classique, surtout des gouvernements de droite, pour justifier des baisses d'impôts et autres paquets fiscaux. Evidement on peu compliquer les choses à loisir, notamment en arguant que l'élasticité de l'offre de travail au niveau de taxe n'est pas la même selon les niveaux de revenues, et que par conséquent l'effet dominant ne sera pas le même suivant la tranche de revenue touchée par l'augmentation des impôts.

Une autre considération théorique est celle de la contraction expansionniste. Ici rentre en compte les expectations des agents, et ces effets sur la demande. Dans une situation ou le niveau de dette publique et de déficit courant est élevé, les agents s'attendent a une augmentation des prélèvements ou une diminution de la redistribution. Une augmentation des taxes, ou une diminution des dépenses, signale aux agents que l'état a l'intention de se rapprocher de l'équilibre budgétaire, ou de se désendetter. Les expectations des agents changent donc. Ils sont rassures sur la soutenabilite des finances publiques et des mécanismes de redistributions. Ils ne s'attendent plus à une augmentation massive des taxes ou diminution des montants redistribués dans le futur. Par conséquent ils ne perçoivent plus le même besoins d'épargner, consomme plus et l'économie croit. Cette effet aurait été présent en Irlande et au Danemark lors de reformes fiscale dans les années 80 qui on conduit a des augmentations d'impôt des coupes dans les dépenses publiques, alors que le chômage était élevé, et le secteur publique déficitaire et endettes dans les deux pays. Le Danemark n'as pas toujours été le paradis social démocrate aux 4% de chômage, mais une politique économique intelligente et responsable permet beaucoup de choses.


Il faut noter au passage que l'effet symétrique existe. Dans une situation ou les dépenses publiques ne sont pas perçues comme soutenable, une diminution des prélèvements peut avoir un effet depressioniste sur l'économie, les agents anticipant une augmentation brutale des taxes dans le future. Le paquet fiscal de Bush en 2001 pourrait avoir cause un tel effet. Il semble plausible que le paquet Fiscal Sarkozy de 2007 ai déclenché ce genre d'effet dans la mesure où le doute sur la soutenabilite des dépenses publiques et la capacité de l'état à retrouver un équilibre existe.

On pourrait aussi ajouter que l’impôt, en participant de lisser le revenue des ménages a un effet d’assurance, ce qui peut encourager l’activité d’agents averses au risque. Bref, les raisonnements simplistes ne fonctionnent pas en économie comme ailleurs. Et si l’on veut une politique économique qui ne soit pas uniquement conduite par des considérations idéologiques, mais par la recherche du bien commun, il est nécessaire de dépasser le niveau des clichés qui polluent tout le débat public.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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