vendredi 2 novembre 2007

Les remises: une source de croissance pour les PVD?

Pourquoi les travailleurs migrants renvoient ils de l’argent dans leur pays d’origine ? Il est pertinent de choisir la famille comme unité d’analyse ce phénomène, afin de tenir compte du fait que les relations entre les individus d’une cellule familial ne sont pas les mêmes qu’entre des agents sur un marché concurrentiel. Dans une perspective dynamique, la famille partage les couts et les bénéfices de la migration. Elle voit l’un de ces membres, souvent parmi les plus productif, partir. Elle investit beaucoup de son capital, par définition très limité, dans la migration. Beaucoup de la littérature introduit le concept d’altruisme : l’utilité du migrant dépend aussi de l’utilité de sa famille. Au delà d’un certain revenu, son utilité marginal est plus importante en envoyant de l’argent pour qu’il soit consommé par sa famille dans son pays d’origine que en consommant cet argent lui-même. La migration internationale coute très cher. On peut donc aussi voir la famille comme un investisseur utilisant son capital pour envoyer l’un des siens a l’étranger. Les remises seraient donc considérées comme le fruit de cet investissement. D’autres hypothèses considèrent les remises comme une diversification de portefeuille, le migrant plaçant une partie de ces revenues dans son pays d’accueil et une autre partie dans son pays d’origine.

Les études empiriques sur l’utilisation des remises montrent toutes le même résultat. La majeur partie des remises est utilise pour la consommation, et a une moindre échelle en épargne et investissement. Mais les investissements réalisés ne sont généralement pas des investissements productifs, ils se concentrent surtout sur l’immobilier. Le bien être et les actifs de la famille se trouvent donc augmenté, mais il n’est pas évident que toute l’économie du pays d’origine en profite. Certains auteurs mettent en avant l’existence d’un effet multiplicateur Keynésien de la consommation, mais il n’existe pas de preuve d’un impact des remises sur la croissance de long terme.

Chami, Fullenkamp et Jahjah (2005) proposent un model dont l’unité de base est une famille a deux individus, l’un migrant et l’autre restant dans le pays d’origine. Les hypothèses de base sont assez classiques, mais les auteurs ajoutent quelques spécificités. Le migrant a une fonction d’utilité incluant un certain degré d’altruisme. Il y a asymétrie d’information entre le migrant et le récipiendaire, et entre le récipiendaire et la firme dans le pays d’origine. La firme choisit un niveau de revenue haut ou bas, et ce niveau est choisit en fonction de l’espérance du niveau d’effort du travailleur dans le pays d’origine. Ce model montre que les remises se comportent comme un revenue substitution, les transferts augmentant quand le revenu diminue. Il existe donc un Alea moral pour le travailleur récipiendaire, qui va imposer une externalité négative à la société. Celui-ci étant risque averse, il préfère un revenu garanti, le transfert, à un niveau de revenue non garanti et liée à son effort. Dans ce cadre théorique, une étude économétrique montre une relation négative robuste entre croissance du PIB et croissance du niveau de remise. Les remises seraient contra-cyclique, ce qui est cohérent avec leur rôle de revenu compensatoire. Cette corrélation entre remises et croissance du PIB implique qu’il faut utiliser des techniques économétriques un peu plus subtiles pour démêler tout ca et établir une causalité. Les auteurs utilisent la techniques des variables instrument et établissent une relation robuste : les remises ont un impact négatif sur la croissance.

Il est frappant de constater que l’une des sources de capitaux les plus importantes pour les pays en voie de développement aient un effet négatif sur leur développement. D’autant plus que plusieurs études montrent que d’autres flux de capitaux, notamment IDE, ont un effet positif sur la croissance. De part leur nature même, il n’est pas évident qu’il existe des politiques permettant de modifier l’effet de ces remises sur la croissance. Les pays en développement n’ont pas les moyens fiscaux de modifier les incitations sur l’utilisation de cet argent, pour promouvoir l’investissement productif ou dans le capital humain. L’un des leviers d’action possible serait de réduire l’asymétrie d’information entre le migrant et sa famille afin que celui-ci puisse lui-même conditionner le montant transfert à leur utilisation.

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